Si Versailles m’était conté

Publié le 09/02/2022

Le FC Versailles a réussi l’exploit d’associer, l’espace d’un 8e de finale de Coupe de France, le nom de la ville, non plus au Château, mais à son club de foot. Il fallait pour cela que les joueurs de Youssef Chibhi entrent dans l’histoire avec cette qualification pour les quarts de finale arrachée sur le terrain de Toulouse, leader de Ligue 2. Par ailleurs, en tête de son groupe de N2 et donc en position de jouer la montée en National, Versailles récolte les fruits d’un travail de reconstruction entrepris bien en amont et poursuivi par les nouveaux investisseurs qui ont décidé de miser sur le club. 

Photos Philippe LE BRECH

La vie d’un club est souvent fait de haut et de bas. Le FC Versailles en est la parfaite illustration. Alors encore appelé Racing Club de Versailles, l’équipe première atteint son apogée en 1986 avec une montée en D3. Suivie immédiatement après par une relégation en D4 et une lente dégringolade sportive et financière. Lorsque Daniel Voisin reprend le club en 2004, celui-ci est exsangue et criblé de dettes. Petit à petit Daniel Voisin va être le grand artisan de la reconstruction : « Avec toute l’équipe des éducateurs » précise immédiatement celui qui est à Versailles depuis 25 ans. « Ma plus grande fierté aujourd’hui c’est d’avoir créé de l’emploi » souligne encore Daniel Voisin. « Il y a des jeunes gens qui ont pu s’acheter leur appartement, travailler dans le milieu qui les passionne. C’est ce qui est pour moi le plus satisfaisant au-delà des résultats qui sont vraiment, par ailleurs, exceptionnels. C’est historique d’être en quart de finale de la Coupe de France pour un club amateur comme nous. De la même façon, et si Versailles s’est doté de moyens, être en tête de ce championnat si concurrentiel est une autre énorme performance.« 

« Nous sommes tous dans l’excitation de ce quart de finale »

Supporter et passionné Daniel Voisin peut être fier de son bilan et des rails sur lesquels il a mis son club. Lancé à pleine vitesse en championnat et évidemment en Coupe de France, le train est désormais piloté par Anthony Perrat, le nouveau Président de l’association, tandis que les nouveaux  investisseurs, le groupe immobilier Fiducim-City, préside la SAS, société commerciale qui a en charge l’équipe première. Pour Anthony Perrat, joueur en vétéran, mécène du club, et au Comité Directeur depuis quatre ans « Cette période est incroyable à vivre. » Il ajoute « En tant Président de l’association je suis avec les dirigeants, les éducateurs, les supporters et nous sommes tous dans l’excitation de ce quart de finale. Nous vivons une épopée que nous ne revivrons peut-être plus. Il ne faut pas bouder ce plaisir. Maintenant c’est vrai qu’il y a le championnat et cette montée possible qui devient de plus en plus une réalité. C’est le fruit du travail réalisé par la direction précédente avec un engagement personnel incomparable. En revanche, il nous a semblé que nous avions peut-être atteint un plafond de verre. Avec les nouveaux investisseurs nous avons pu nous structurer différemment afin de pérenniser. Avec la SAS qui gère la partie N2, ce qui permet également de débloquer des budgets pour l’école de foot, la préformation et la formation à laquelle nous sommes attachés. » Versailles ne manque pas d’ambitions. Et une montée en National constituerait une première marche vers le monde professionnel où le club tend à évoluer désormais.

Photos Philippe LE BRECH

« Ma fonction d’entraîneur m’impose de garder la tête froide »

Cette accession qui reste la priorité comme le martèle le nouveau Directeur Général, Jean-Luc Arribart, mais aussi l’entraîneur, Youssef Chibhi. « Mon rôle d’entraîneur m’impose de garder la tête froide. Je ne peux pas me permettre de rêver. Je dois être pragmatique et penser à la problématique des trois matches en une semaine à disputer dont deux en championnat qui reste notre priorité absolue. Le déplacement en Coupe de France à Bergerac sera compliqué face à une équipe qui nous ressemble un peu mais qui aura l’avantage de recevoir. Mais comme face à Toulouse nous allons préparer ce match avec la volonté chevillée au corps de nous qualifier et de gagner car je le répète les dynamiques de victoires sont toujours importantes« .

Photos Philippe LE BRECH

« A deux marches seulement du Stade de France »

Pour les joueurs, pas question non plus de lâcher quoi que ce soit à l’image de Maël Durand De Gevigney, enfant de Versailles, qui connaît mieux que quiconque l’évolution de son club. « Honnêtement c’est exceptionnel. Je suis tellement fier d’être dans cette équipe. Je suis arrivé à Versailles à l’âge de 11 ans. Et si je suis parti à Meudon et à Drancy en U19 Nationaux, j’y suis revenu alors que le club était en N3. Ce que nous vivons est incroyable. Se qualifier pour les quarts de finale en battant Toulouse, leader de Ligue 2, que nous parvenons à regarder les yeux dans les yeux. Nous étions super bien préparés grâce à notre stage à Clairefontaine et au travail du staff. Et il va falloir l’être tout autant face à Bergerac car ça va être très compliqué. Mais rendez-vous compte, nous ne sommes plus qu’à deux marches du Stade de France. C’est fou. Si nous passons ce tour nous pourrions affronter un gros calibre de Ligue 1 (Monaco, Nantes, Marseille, Nice) pour nous étalonner ce que nous souhaitions déjà pour les quarts. Nous savons parfaitement que l’objectif prioritaire du club est la montée en National. Mais on ne peut pas s’empêcher de rêver.« 

Photo Philippe LE BRECH

Maël Durand De Gevigney le dit clairement. Si la raison incite à garder la tête froide pour une fin de championnat qui s’annonce haletante, comment ne pas penser à ce quart de finale qui se profile sur le terrain de Bergerac, pensionnaire également de N2. Une occasion unique pour Versailles de disputer une demi-finale de Coupe de France. Peut-être le pire tirage aussi pour les Versaillais, qui auraient préférer une grosse pointure de Ligue 1, puisqu’ils savent que s’imposer à Bergerac sera un combat. Les Périgourdins qui ont déjà mis au tapis, à domicile, le FC Metz (L1), Créteil (N) et Saint-Etienne (L1). Un tableau de chasse exceptionnel. Mais la chasse, longtemps réservée au Roi sur les terres du Château, Versailles connaît et dispose incontestablement des armes pour créer un nouvel exploit.       

Par Cyrille Legendre

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