SARCELLES, UNE TERRE DE FOOT
Publié le 07/09/2022
LES FÉMININES COMME LOCOMOTIVES
Les U19 féminines ont valeur d’exemple, tout comme les seniors qui sont aujourd’hui solidement ancrées dans le championnat R1, et constituent l’équipe du club à évoluer au niveau National.
Avec ses licenciées, Sarcelles est en train de devenir une place forte du foot féminin en Ile-de-France. Et pourtant tout n’était pas gagné au départ comme le confirme Nader Azlouk, le référent des féminines au club. Avec une succession de hasard et la volonté, au départ, d’une poignée de filles de venir jouer au football sous les couleurs de leur ville. « Je me rappelle d’elles qui étaient sur le terrain un peu livrées à elles-mêmes » se souvient Nader Azlouk. « J’ai cette mentalité de ne pas admettre de voir les gens ne pas pouvoir s’épanouir dans leur passion. Tout le monde doit pouvoir jouer au football qu’il s’agisse de filles, de garçons, de jeunes, de vieux, quelle que soit la couleur de sa peau.«
Il décide alors de prendre en main la destinée de ces jeunes filles et va construire et développer cette section féminine avec le soutien du club qui mettra les moyens et investira en proposant des éducateurs, du matériel et en mettant à disposition des terrains. « Nous n’avons cessé de progresser et cela a pris de longues années de travail, d’investissement de tous les instants et parfois même de souffrance » avoue Nader Azlouk. « Nous nous sommes calqués sur le modèle et le savoir-faire de Sarcelles chez les garçons tout en tenant compte de la psychologie différente des filles. Elles ont une approche de la compétition qui leur est propre. Elles accordent plus d’importance à leur environnement, à l’ambiance générale autour d’elles.«
Avec les résultats que nous connaissons aujourd’hui qui ont débuté par deux montées successives de départemental en R2 entre 2017 et 2019 et qui se sont poursuivis en 2020 par une double accession historique pour le club avec les seniors en R1 et les U18 en championnat National U19. Même s’il a pris un peu de recul avec le quotidien de toutes ces filles Nader Azlouk conservent, en temps que référent, un œil attentif sur cette évolution se félicitant du travail d’équipe effectué. « Nous avons notamment bénéficié du soutien sans faille de notre Directeur Sportif, Mohammed Coulibaly, qui a notamment exigé que des entraîneurs diplômés s’occupent de ces filles. Cette aventure avec les féminines est à l’image du club de Sarcelles où l’on met la passion, la cohésion au centre de tout, avec cette envie commune de transcender, au travers du football, les difficultés de chacun au quotidien. »
UNE PÉPINIÈRE DE TALENTS
Il en est évidemment le symbole, l’icône. Riyad Mahrez (photo) international algérien et star de Manchester City, a appris le football à Sarcelles. Il y restera jusqu’à ses 18 ans et un départ vers Quimper. Ce sera ensuite au Havre, Leicester et le grand Manchester City.
Si Riyad Mahrez est évidemment la grande fierté du club, il est loin d’être le seul à s’être fait un nom dans le milieu du football après être passé par Sarcelles. Steeve Yago (Toulouse, Le Havre, Caen), Hérita Ilunga (Saint-Etienne, Toulouse, West Ham, Stade Rennais), Gérard Gnanhouan (Guingamp, Sochaux, Montpellier) ou plus récemment Eric Junior Dina-Ebimbé (PSG) et Lenny Pintor (Brest, Lyon, Troyes) ont également marqué le club de leur talent.
Et la relève est prête comme le confirme Médoune Diop, responsable de la préformation, qui souligne le soin avec lequel les éducateurs encadrent leurs jeunes protégés : « En préformation l’accent est mis sur le développement individuel du jeune, la technique, la compréhension du jeu et le caractère en inculquant aussi la notion de compétition. A côté de cela il y a également un équilibre à trouver avec l’approche collective en expliquant bien que l’expression individuelle peut être restreinte par cette dimension collective indispensable. » Un juste milieu que l’on retrouve également dans l’appréhension du résultat. « A cet âge-là, nous sommes un peu entre les deux » estime Médoune Diop. « Ils sortent de l’école de foot où la notion d’épanouissement est essentielle et ils sont avant la vraie compétition. De la même façon nous essayons de mettre l’accent sur la qualité de jeu évidemment tout en n’occultant pas le résultat. » une philosophie qui s’inscrit dans l’état d’esprit général du club que nous rappelle le technicien : « Ce qui nous importe à Sarcelles c’est de transmettre les valeurs de partage et d’entraide. C’est pour cela aussi que nos anciens joueurs, devenus pros, reviennent beaucoup nous voir. Ils ont, comme nous, cette volonté de transmettre accompagnée d’une vraie humilité qui leur permet de garder les pieds sur terre. » Un mixte gagnant qui donne des résultats comme le confirme Médoune Diop. « Depuis que j’exerce mes fonctions au sein du club, il y a 13 ou 14 joueurs, passés chez nous, qui vivent aujourd’hui du football et une cinquantaine en ce moment dans les différents centres de formation. A Sarcelles, nous avons la chance d’être une ville de foot, mais il y a aussi cette rigueur, ce travail le plus professionnel possible qui explique ses résultats.«
CLUB PARTENAIRE DU PSG PENDANT SIX SAISONS
Si le Paris-Saint-Germain a décidé, depuis deux ans, de mettre un terme à ses partenariats avec les clubs franciliens amateurs, l’AAS Sarcelles a été, pendant six saisons, un club référent pour l’institution phare que représente le PSG. « C’était flatteur pour notre image » admet Mohamed Coulibaly. « Une reconnaissance et une gratification » poursuit le Directeur Sportif. Avec comme précurseur de ce partenariat un certain Eric Junior Dina-Ebimbé (photo) parti en 2012 de Sarcelles pour intégrer le centre de formation du PSG.
Le jeune milieu de terrain parisien, prêté dans un premier temps au Havre et à Dijon et auréolé d’une sélection avec l’équipe de France Espoirs, a fait de nombreuses apparitions la saison dernière sur le terrain aux côtés des Mbappé, Messi et Neymar. Pour parfaire son apprentissage, il vient d’être prêté à l’Eintracht Frankfort pour connaitre la Bundesliga et, pourquoi pas, la Ligue des Champions ! Alerté par le talent des jeunes pousses sarcelloises, le PSG a donc décidé de signer ce partenariat qui a permis à Nehemia Fernandez Veliz et à Bilal Laurendon, deux jeunes du club, d’évoluer au sein du centre de formation parisien. « Ce fut très enrichissant » conclut Mohamed Coulibaly. « Nous avons beaucoup échangé sur les méthodes de travail notamment avec le directeur du centre de formation. Cela nous a aidés à grandir.«
UNE ACTION SOCIALE, CULTURELLE ET CITOYENNE
Aujourd’hui le club de football est devenu bien plus qu’un simple endroit où l’on fait du sport. Le club de Sarcelles en est le parfait exemple lui qui s’est fixé comme objectif « d’ouvrir l’esprit’ de ses jeunes licencié(e)s, de « leur montrer toute la beauté et la diversité du monde qui nous entoure« . Et pour y parvenir Sarcelles s’est donné les moyens avec notamment des jeunes en « service civique » qui amènent toutes leurs compétences, leur enthousiasme et leur énergie.
A l’image de Guljar Miah, ancien joueur et arbitre du club qui, en parallèle de ses études, accompagnent les jeunes au musée, organise, avec ses camarades, des débats d’idées, sensibilise à l’écologie et aux actions sociales par le biais des maraudes ou de la récolte de jouets pour les plus nécessiteux. Tout un panel d’actions qui permettent à ses jeunes de s’inscrire pleinement dans leur environnement et qui leur montrent surtout tout le champ des possibles qui s’offre à eux bien au-delà du football.