« NOUS SERONS AVEC LES CLUBS »

Publié le 20/12/2023

Le Président de la Ligue de Paris Île-de-France, Jamel Sandjak, était l’invité de l’After Foot sur RMC mardi soir pour parler des nouvelles formes de violences qui ont émaillé le bord des terrains amateurs récemment.

Le Président Jamel Sandjak a confié hier soir aux micros de Gilbert Brisbois et de Daniel Riolo sa préoccupation quant aux nouvelles dérives que les clubs rencontrent avec les parents de leurs jeunes licenciés. Agressions verbales, menaces physiques, coups à l’encontre des éducateurs. De nouvelles formes d’incivilités qui l’inquiètent : « C’est un phénomène tout à fait récent. […] Pour moi, ces événements sont liés à des phénomènes de violence que l’on retrouve dans notre société. […] C’est ce qui m’inquiète, ces dérives de société que l’on retrouve dans l’espace associatif sportif. Et ça, c’est assez nouveau ». 

Un phénomène nouveau souvent lié à l’ascenseur social que certains parents entrevoient avec le football en imaginant que leur enfant peut faire une grande carrière.

« Ces parents, qui sont dans l’utopie, rêvent et se disent que leur enfant va peut-être leur permettre de changer de vie ».

Dans une société décomplexée et de plus en plus violente, certains parents, frustrés de ne pas voir jouer leur enfant, passent à l’acte et agressent l’éducateur.

L’occasion pour le Président Sandjak de rappeler le travail formidable et souvent compliqué de ces jeunes : « Ce sont souvent de jeunes éducateurs diplômés qui font leur travail de façon remarquable » et de regretter l’image que renvoie le comportement de certains parents vis-à-vis de leur enfant – « Ce dont ils ne se rendent pas compte, c’est que ce genre de comportement va à l’encontre de l’éducation et des valeurs que la cellule familiale doit transmettre ». 

Jamel Sandjak, qui défend depuis de nombreuses années le rôle fondamental de l’école de la République et de l’instruction (dès les années 90, il a pensé et organisé à Noisy-le-Sec des actions socio-éducatives autour du football dont notamment l’opération TopFoot et sa devise « Le foot c’est bien, l’école c’est mieux »), a rappelé, à l’occasion de cette émission, le rôle du club qui forme avant tout un citoyen avant de former un joueur. Il partage d’ailleurs les propos récents de notre Ministre des Sports, Amélie OUDEA CASTERA : « On ne peut pas accéder au haut niveau si on n’est pas fait mentalement pour ça, si on n’a pas un certain nombre de valeurs ».

Les instances et les clubs souvent démunis face à ces nouveaux phénomènes d’incivilités et de violences

Face à ces nouveaux comportements, les instances sont malheureusement très souvent dans l’impossibilité d’agir directement, par le biais d’une procédure disciplinaire, à l’encontre des parents mis en cause : « Le problème que nous rencontrons, c’est que les parents ne sont pas licenciés chez nous. Nous ne pouvons donc pas ouvrir de dossier ».

Les clubs, pour leur part, n’ont pas d’autre alternative que de suspendre les entraînements pendant une courte période et/ou d’interdire les parents aux bords des terrains. Des solutions que le Président, même s’il les partage, regrette : « Priver les jeunes d’entraînement, ce n’est pas une solution. En priver les parents, c’est dommage. Pour une personne, tout le monde se retrouve pénalisé ».

Soutenir et intervenir

Jamel Sandjak invite les clubs à porter plainte systématiquement. Il a par ailleurs rappelé l’existence d’une permanence juridique gratuite – Assistance Club – mise en place par la Ligue en 2021. Un dispositif qui leur est destiné et qui leur permettra, dans de pareilles situations, de se faire accompagner et de bénéficier de conseils. « S’ils suivent ce cheminement, les clubs auront la Ligue avec eux, parce que ce genre de comportement n’est pas acceptable », insiste le Président.

« Le travail que font les clubs amateurs aujourd’hui est exceptionnel. Ils ne sont pas soutenus à la hauteur des missions qu’on leur a confiées. Avant, on allait à l’entraînement, on jouait au foot et on repartait. Aujourd’hui les clubs font de l’aide aux devoirs, s’occupent des adolescents, ont une relation avec les familles…» […] « Il faut continuer à se battre, il ne faut pas baisser les bras. Le mal n’est pas plus profond, il est plus large ». 

Le Président Sandjak a réagi sans plus attendre en provoquant une réunion du Collège des Présidents de Club dès le retour des vacances de Noël afin de travailler, en concertation, sur les outils à mettre en place pour prévenir et endiguer ces nouveaux phénomènes. Cette réunion sera aussi l’occasion de revenir sur le Plan de Prévention et de Lutte contre les VSS qui a déjà fait l’objet d’une présentation et d’un débat le 9 décembre dernier au Méridien Etoile. 

Retrouvez ici le Podcast de l’After Foot du mardi 19 décembre

 

Par Florent PIASECKI

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