« J’AI ENTRAÎNÉ »… SANDY BALTIMORE

Publié le 16/07/2025

Buteuse lors du premier match de l’Équipe de France Féminine dans cet Euro 2025 contre l’Angleterre (2-1), Sandy Baltimore a commencé le football sur les pelouses d’Île-de-France au Cosmo Taverny de 2010 à 2015. Bachir Diop, son éducateur durant cette période, nous raconte les premiers pas de l’attaquante du Chelsea FC. 

> La fiche de Sandy Baltimore

Aujourd’hui éducateur à l’AS Ermont (responsable U14 et U16), Bachir Diop était le coach de Sandy Baltimore lors de ses débuts au Cosmo Taverny :

« Il y avait une fusion à l’époque entre Ermont et Taverny, le club s’appelait le Cosmo Ermont Taverny. Sandy était sur le pôle Ermont avec un éducateur nommé Mathieu. J’encadrais l’équipe élite garçons de mon côté, et c’est Mathieu qui m’a parlé de Sandy, en me disant qu’il y avait une fille qui était au-dessus du lot et qu’elle avait le niveau pour jouer en élite. Je l’ai donc récupéré avec l’équipe élite du Cosmo Ermont Taverny, elle devait avoir 11 ans. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de filles qui jouaient au foot, son père n’était pas très chaud pour qu’elle continue, c’est sa mère qui l’emmenait. Elle a quand même rejoint notre pôle et tout de suite ce fût une évidence. On ne voyait pas la différence entre elle et un garçon au niveau football.

 Sandy avait d’énormes qualités de percussion, de vitesse, de puissance avec une facilité à dribbler car elle était très à l’aise techniquement. Elle était aussi très percutante avec une belle frappe de balle et un beau pied gauche. Elle est restée avec nous à Taverny jusqu’en U15. Elle était tellement au-dessus, que l’on avait contacté l’Olympique Lyonnais à l’époque. L’histoire est marrante car on avait eu les coordonnées de Sonia Bompastor, qui est aujourd’hui sa coach à Chelsea. On l’avait approchée en lui présentant le profil de Sandy et en envoyant les bulletins scolaires. L’OL n’avait pas voulu la revoir car ils trouvaient que les bulletins n’étaient pas assez bons pour intégrer le club. À l’issue de la saison U15 elle ne pouvait plus jouer avec les garçons, Sandy est donc partie au PSG où elle a tout de suite explosée. Si je ne dis pas de bêtises, elle a joué à 16 ans et demi en Ligue des Champions, et après on connait l’histoire, PSG, Équipe de France et maintenant elle se retrouve à Chelsea avec Sonia Bompastor.

C’était une fille assez réservée mais que les garçons n’osaient pas trop provoquer. Elle s’entendait bien avec tout le monde mais ce n’était pas une fille que l’on mettait en avant. On avait deux filles à l’époque, Sandy et Mélina la gardienne de but. Elle était dans son coin, mais tu pouvais discuter, rigoler avec elle. Sandy se fondait dans la masse, elle ne se mettait pas en avant, par contre, elle ne se laissait pas marcher dessus par les garçons. Elle avait un gros caractère, il y en a un ou deux qui ont tenté de l’embêter, elle leur a montré qu’il fallait éviter. Elle était très respectée dans l’équipe, déjà par rapport à son football mais aussi grâce à son caractère.

Une fois, je n’ai pas pu être présent pour un match contre Trappes en U13 régional et c’était l’un des mes adjoints qui avait pris l’équipe, mais j’avais l’habitude de toujours leur donner les mêmes numéros. Sandy avait le numéro 11. Je connaissais l’éducateur de Trappes, donc à la fin du match je l’appelle pour qu’il me fasse un résumé de la rencontre. Il me dit « ton numéro 11 il est trop fort », et je lui réponds oui c’est vrai mais c’est une fille. Il continue en disant que c’est impossible car il était vraiment trop fort, que c’était un joueur avec des nattes collées. Je lui soutient que c’était une fille en lui demandant si c’était bien le numéro 11, il me dit oui, je lui confirme que c’est bien Sandy. Il me dit que ce n’est pas possible qu’une fille soit aussi forte à un niveau régional et qu’elle fasse autant de différences. Il m’a dit que Sandy a fait gagné la match à elle toute seule. Comme elle avait des nattes collées avec un football très puissant, rapide, vif, les gens n’imaginaient pas que c’était une fille. »

Crédit Photo : Sipa/Heiko Becker

Par Mathieu DEVILLE CAVELLIN

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