« J’AI ENTRAÎNÉ »… P. GUEYE
Publié le 26/01/2024
Mehdi François, éducateur de Pape Gueye en préformation au Blanc-Mesnil SF, aujourd’hui entraîneur des U19 Nationaux du FC 93 Bobigny, raconte les années blanc-mesniloises de l’international sénégalais.
« Pape, je l’ai eu en préformation, à l’époque c’était Poussins et Benjamins. C’est un garçon qui avait des prédispositions et qui était en avance footballistiquement, notamment sur l’aspect technique. Il était très doué techniquement. J’avais la génération 98 et il a toujours joué avec la génération plus âgée d’un an, il était de 99. Il a essentiellement évolué avec des garçons qui avaient un an de plus, et même sur certains événements, deux ans de plus. Pape était très discret, mais il avait beaucoup de personnalité et de caractère sur le terrain. Il était très assidu sur les séances, très investi. Sur le terrain, c’était un réel leader technique. Dès son plus jeune âge, il était capable de prendre le jeu à son compte. Très rapidement, à l’entrée au collège, il a intégré la section sportive du Collège Nelson Mandela du Blanc-Mesnil, pour avoir un cursus qui lui permette de se rapprocher d’un centre de formation. On s’entraînait quatre à cinq fois par semaine.
> Article de Radio France sur la venue de Pape Gueye au Collège Nelson Mandela en 2022
C’est un garçon issu du quartier du 212 Cité voie verte au Blanc-Mesnil. Assez naturellement, il s’est dirigé vers le club de la ville. Il y a commencé ses classes dès le plus jeune âge. A 6 ans, Pape était en débutants au club. Jusqu’à son intégration au centre de formation du Havre, il n’a fait qu’un club, Le Blanc-Mesnil SF.
Il était en avance sur le plan technique, on sentait un potentiel réel. Pour continuer à le parfaire et à le développer, il était essentiel qu’il puisse aller évoluer avec des garçons plus âgés que lui. La génération 98 était de qualité. Automatiquement, en jouant avec les plus grands, il faut voir plus vite, jouer plus vite, exécuter plus vite. Globalement, cela n’a pas été une difficulté pour lui parce qu’il a eu cette capacité à s’adapter. Sur ça, on ne s’est pas trompés. C’est un garçon qui n’était pas complètement développé sur le plan athlétique, donc il devait trouver d’autres solutions. Tout passait par l’aspect technique et par l’intelligence. Parfois, on surclasse des joueurs parce qu’ils sont en avance morphologiquement ou qu’ils sont des qualités athlétiques supérieures à la moyenne. Pape, c’est totalement l’inverse.
C’était un garçon qui était concentré sur le foot. Il ne ratait aucun entraînement. Quand il n’avait pas entraînement, il jouait quand même, au city stade. Il ne sortait pas du quartier pour faire autre chose que du foot, il ne traînait pas. Pape avait un cadre familial très sain, avec un Papa et une Maman qui étaient vraiment derrière lui, en accordant beaucoup d’importance à l’éducation. Pape, c’était le stade, ou le foot dehors, et rien d’autre.
Lors des matches, des tournois, il était toujours vu et sollicité par beaucoup de clubs pros, de Ligue 1. Quand il a signé au Havre, il a choisi un centre de formation qui était réputé et sortait beaucoup de joueurs. A l’époque, Le Havre était en Ligue 2, Pape aurait pu signer dans des grandes écuries de Ligue 1. Ce choix était à l’image du garçon, il a choisi un club qui lui ressemblait, qui travaille avec humilité. Cela lui a permis de faire une formation assez complexe, d’élargir son bagage footballistique et d’être capitaine en Ligue 2 très rapidement. Et ensuite, il a rejoint l’Olympique de Marseille et été appelé en équipe du Sénégal, avec qui il a été champion d’Afrique.
Aujourd’hui, quand il a du temps, il passe au Blanc-Mesnil pour rencontrer les jeunes du club. C’est toujours intéressant de pouvoir partager cette expérience, parce que les jeunes rêvent tous de faire une carrière professionnelle. Mais ce n’est pas donné à tout le monde. Pape participe aussi à des projets de la ville et de son quartier, notamment des projets humanitaires. Quand il revient au Blanc-Mesnil, il est toujours avenant, il vient toujours rendre visite aux gens. Il essaie toujours de donner de son temps, de partager son expérience aux gens qui l’ont côtoyé, aux futures générations.
On est en contact régulier avec lui, on le voit. C’est un garçon qui n’a pas changé. Franchement, je ne suis pas surpris qu’il soit « là-haut ». Après, on sait que le parcours n’est pas toujours facile. Pendant sa formation, il a connu des hauts et des bas, mais il s’est accroché, il a bossé, il n’a jamais lâché. Aujourd’hui, au-delà de la fierté que l’on a de le voir évoluer à ce niveau, Pape mérite ce qui lui arrive. »
Crédit photos : Faouzi Tritah – radiofrance.fr
