« J’AI ENTRAÎNÉ »… M.-A. KATOTO

Publié le 12/04/2024

Décisive lors des deux derniers matches de l’équipe de France (but contre l’Irlande vendredi dernier et passe décisive en Suède), Marie-Antoinette Katoto a débuté le football en Île-de-France. Alioune Diatta, son entraîneur en U13 au FCF Colombes, aujourd’hui coach des « fillofoot » et intendant des Seniors du Racing CFF, évoque les années colombiennes de l’attaquante internationale française du PSG.

« Marie-Antoinette, je l’ai entraînée au Football Club Féminin de Colombes, qui a ensuite fusionné avec le Racing. Quand elle est arrivée au club, chez les petites, les « fillofoot », je n’étais pas son entraîneur. Elle a fait une année avec les petites et je l’ai récupérée l’année suivante, en U13, elle était surclassée. La différence avec les filles de son âge était énorme, elle était vraiment au-dessus. Elle savait déjà tout faire : jongler, faire des reprises de volée… Les choses que des gens confirmés au foot font, elle le faisait déjà à cet âge-là. Mais comme elle était très timide, elle faisait tout pour ne pas vexer les autres. Elle n’a jamais aimé se mettre en avant et cela se sent encore aujourd’hui. Dans un groupe, elle pouvait rester plusieurs heures sur le côté sans parler, alors que c’est une fille très joyeuse. Donc, dans les matches, elle ne voulait pas être au-dessus. Elle pouvait faire des choses, mais elle voulait partager, que les autres y participent. Parfois, c’était à s’en tirer les cheveux, parce que l’on savait qu’il suffisait qu’elle le veuille pour qu’on gagne le match. Elle a un état d’esprit extraordinaire, voulait toujours mettre ses copines en avant. Je pense que ça n’a pas changé.

La première coupe féminine U13, on l’a gagnée, c’est elle qui l’a gagnée. En finale, on avait battu Juvisy, qui était la meilleure équipe de la région. On avait gagné 2-1 et elle avait marqué les deux buts.

J’ai axé son entraînement sur le volume de jeu. A l’époque, on jouait à 7 et je la mettais toute seule au milieu de terrain, donc elle attaquait et défendait. C’était ce qu’elle aimait, elle adorait ça. Elle était partout sur le terrain, courrait beaucoup, elle était véloce, vive. Elle récupérait le ballon, remontait, marquait des buts. Elle a toujours joué milieu de terrain, jusqu’à son départ au PSG. Mais elle était déjà douée pour marquer des buts. Elle savait tellement faire de choses qu’il fallait juste l’aider à s’épanouir, à s’intégrer dans une équipe. Elle le faisait très bien et tout le monde l’aimait. Comme elle jouait avec des filles qui avaient 2 ou 3 ans de plus qu’elle, elles la protégeaient. On a eu le même groupe pendant 2-3 ans.

Quand elle a signé au PSG, je savais que, si elle le voulait, si elle se donnait les moyens, elle pouvait devenir pro. Je savais qu’elle avait le talent pour aller très haut, mais on a eu des joueuses très fortes qui ne sont malheureusement pas devenues pros. Elle, elle avait le truc en plus. Il y a eu des matches où on était coincé, dos au mur, on allait perdre, c’est là que l’on voyait la différence. C’était quelque chose à voir. Elle avait cette force, d’haïr la défaite, de ne pas vouloir perdre. Quand elle est allée au PSG, j’ai compris, parce que c’était quand même un long trajet de Colombes.

C’est un plaisir de la voir jouer au PSG et en équipe de France. Les gens me le rappellent toujours. Cela me fait plaisir de me dire qu’elle est passée par le club. Je n’étais pas le seul entraîneur, deux autres l’ont entraînée à Colombes. Pour mon bonheur, je l’ai eu plusieurs années et c’était un plaisir de la voir jouer.

Comme je connaissais bien ses parents, je suis plus en contact avec sa famille, mais je lui envoie de temps en temps des messages. Quand je retrouve des photos de quand elle était jeune, je lui envoie. Dès que je peux, je regarde ses matches, pour voir comment son jeu a évolué.

Aujourd’hui quand des gens disent devant les filles que j’entraîne que j’ai eu Marie-Antoinette Katoto, leur réaction est magnifique à voir. On a de bonnes joueuses, elles se réfèrent toujours à elle. Mais comme elles ne la voient pas souvent au club, il y a une certaine distance. Ce serait bien qu’elle vienne de temps en temps pour voir les petites. Cela pourrait créer quelque chose. »

Par Florent PIASECKI

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