La Ligue aux côtés du Foot Sourds
Publié le 27/01/2020
Depuis le début de la semaine, à la Fédération Française Handisports, quatre membres de l’équipe technique de la Ligue dispensent la formation CFF4 à quinze jeunes filles et garçons sourds ou malentendants venus des quatre coins de la France.
Plus qu’une notion, l’ouverture est un credo pour la Ligue de Paris Ile-de-France de Football qui met la diversité au centre de son action. Une ouverture aux autres qui passe par la volonté de proposer la pratique du football mais aussi la formation à tous les publics sans barrières d’âge, de sexe, de localisation et au-delà du handicap. Il y a six ans la Ligue avait déjà proposé ses services afin de dispenser à des éducateurs sourds et malentendants une formation CFF3. Cette fois c’est le CFF4 qui est au cœur de l’apprentissage auquel participe depuis le début de la semaine quinze jeunes filles et garçons. Le tout étant supervisé par le Directeur Technique Régional, Ali Moucer, qui nous en dit plus sur le contenu de la formation : « La thématique du CFF4 c’est la mise en œuvre d’un projet sportif et associatif. C’est un module de 36 heures qui donne les compétences aux éducateurs pour mieux structurer leur club. Il développe la maîtrise de la méthodologie d’un projet. Il permet d’améliorer l’accueil de leurs licenciés afin de pérenniser les adhérents et d’en attirer d’autres. Il aide enfin à formuler des demandes pour obtenir des moyens pour le club.«
Ce qui permet donc à ce club de vivre et de se structurer. Et il en va de même pour les 1 000 clubs Sourds qui existent en France au sein desquels il est nécessaire pour les éducateurs qui interviennent et s’investissent d’être parfaitement formés. « Ce n’est pas un public différent de celui que nous rencontrons dans nos formations » poursuit Ali Moucer. « Mais on sent chez eux particulièrement une motivation et une soif d’apprendre compte tenu de la difficulté de l’accès à la formation. » Une difficulté également soulignée par Brice Allain, Directeur Sportif de la Commission Foot Sourds au sein de la Fédération Française Handisports : « Tout est un problème de coût et d’argent. Faire cette formation pour les sourds nécessite la présence de traducteurs en visioconférence. Nous avons toujours trouvé avec la Ligue de Paris Ile-de-France un interlocuteur intéressé et de qualité capable de nous mettre à disposition sans contrepartie l’expertise de son équipe technique. Nous en avons bien besoin car nos éducateurs dans nos clubs sourds doivent être capables de suivre aussi l’évolution d’un football qui va très vite. Nous avons aujourd’hui 1 000 clubs en France, nous évoluons dans nos championnats de France seniors, jeunes, masculins, féminins et Futsal, mais nous avons du mal à fidéliser, les jeunes en particulier. Nous nous battons pour établir des passerelles et des collaborations avec les clubs classiques affiliés à la FFF. Nous aimerions nous implanter au sein même des grandes structures professionnelles comme celle du PSG. Le Cécifoot (Foot Aveugle) y est très présent et nous n’y sommes pas à cause essentiellement du problème de communication. Nous nous démenons pour changer les choses mais c’est encore difficile et nous apprécions à leur juste valeur les coups de main que nous pouvons recevoir. Et de ce point de vue nous pouvons compter sur la Ligue.«
Une relation gagnant-gagnant également si l’on écoute encore Ali Moucer : « Etre au contact des malentendants oblige aussi nos formateurs à adopter une posture différente et à s’adapter au public. C’est enrichissant pour eux et pour nous qui cherchons à toujours mieux former nos éducateurs. D’ailleurs, dès la saison prochaine, la Ligue aura dans son offre de formation un module pour nos éducateurs sur l’accueil d’un public en situation de handicap quel qu’il soit. » Une volonté saluée également par les principaux intéressés c’est à dire les stagiaires qui participent à ce CFF4 à l’image de Aurélien Manceaux du club de Sport Sourds de Reims, ancien joueur de haut niveau qui a représenté la France dans des compétitions internationales : « Cette expérience est très positive. J’apprends énormément. Je n’ai pas hésité lorsqu’elle m’a été proposée et je ne le regrette pas. C’est un outil dévolution qui me permettra aussi de faire évoluer mon club en le structurant encore mieux. Ce rassemblement nous permet aussi d’échanger entre nous des idées, des expériences. A titre personnel j’ai décroché le certificat de préparateur mental ce qui m’ouvre des perspectives professionnelles futures qui seront parfaitement complétés par ce que je peux apprendre ici.«
Une dimension professionnelle que partage également une autre stagiaire, Olivia Presnes, membre du club omnisports des Sourds de Massy (91) et qui est à l’origine, il y a trois ans, de la création de la section féminine. « J’ai besoin et envie de continuer à organiser les choses le mieux possible dans mon club. Et pour cela j’ai besoin d’informations. Grâce à cette formation je m’initie notamment aux contraintes budgétaires et je m’aperçois que ce n’est pas si compliqué. Nous allons retirer, au-delà des choses apprises, beaucoup de confiance de cette formation. » Une confiance qui rejaillira automatiquement sur les licenciés et qui permettra à un public différent de connaître aussi toutes les joies individuelles et collectives que peut apporter le football. Un objectif essentiel que la Ligue ne perd jamais de vue.